dimanche 14 novembre 2010

Marie Claude Tresse (1780-1833)


La généalogie ne fait en général qu'effleurer la vie des nos ancêtres. Certes, on peut savoir plus de choses que les seules dates de naissance, mariage et décès. On peut trouver quelques informations sur leur vie, leur patrimoine, etc. Cependant, l'histoire de notre ancêtre Marie-Claude Tresse nous permet seulement de pressentir une vie dramatique, mais la réalité et la force de ce drame personnel nous resteront à jamais inconnues.


Marie Claude Tresse est née le 2 juillet 1780 à Langres, deuxième fille de Simon Tresse, boulanger, et d'Etiennette Ageron. Elle est baptisée le même jour en la paroisse Saint-Pierre de Langres.

Acte de baptême de Marie Claude Tresse.

Langres est une petite ville fortifiée un peu austère, au nord de Dijon, sur la route qui mène vers la Lorraine.

Vue aérienne de Langres

Ville active, évêché aux nombreux couvents, elle a un artisanat florissant, en particulier dans la coutellerie. C'est la patrie de Denis Diderot. A l'époque, elle abrite entre 8 000 et 9 000 habitants. Avec le temps, elle perdra de son importance, avec la disparition de l'évêché après la Révolution et le choix de Chaumont comme chef-lieu de département de la Haute-Marne à son détriment.

Une rue de Langres qui n'a pas dû beaucoup changer depuis le XVIIIe siècle.

Le 13 floréal an VI (2 mai 1798), alors qu'elle a encore 17 ans, Marie Claude Tresse épouse Didier Sommier, un ancien séminariste (il a été tonsuré en 1787, mais n'a jamais été prêtre), de 11 ans son aîné (il est né le 3 avril 1769). Comme ses ancêtres, il est chapelier.

Signatures de l'acte de mariage de Didier Sommier et Marie Claude Tresse.

Enceinte peu de temps après son mariage, les 8 premiers enfants vont se succéder à un rythme effrayant entre 1799 et 1808 (tous nés à Langres) :
  • Simon Didier, né le 27 pluviôse an VII (15 février 1799)
  • Pierre Antoine Camille, né le 6 ventôse an VIII (25 février 1800)
  • Rémy Jules, né le 3 nivôse an IX (24 décembre 1800)
  • Marie Célinie, née le 18 pluviôse an X (7 février 1802)
  • Simonne Louise, née le 20 ventôse an XI (11 mars 1803)
  • Dominique Simon Théodore, né le 6 brumaire an XIV (28 octobre 1805)
  • Jean Baptise Léon, né le 18 février 1807
  • Gabrielle, née le 22 novembre 1808

Je dis effrayant car l'écart entre les enfants est de l'ordre d'un an, sauf vers la fin, alors qu'à l'époque, il était souvent plus proche de 2 ans. En 1800, elle a deux enfants dans l'année, le premier né en février, suivi 10 mois plus tard d'un garçon né la veille de Noël. Ensuite, pendant presque 9 ans, plus d'enfant jusqu'à la naissance du petit dernier, Paul Sommier, le 11 août 1817. Son mari a quitté l'artisanat en étant d'abord instituteur, puis libraire. Il finira sa vie comme greffier en chef du tribunal de première instance de Langres.


En mai 1826, lors du mariage de l'un de ses enfants, Dominique, l'acte d'état civil précise qu'elle réside "accidentellement" à Saint-Dizier, une ville du nord de la Haute-Marne. L'absence de la mère au mariage et sa résidence loin de sa famille intriguent. Cela se répète pour les mariages suivants, en février et avril 1829, et lors du décès de son mari, le 11 mai 1829. En 1832, lors du mariage de sa dernière fille Gabrielle, on apprend qu'elle est "interdite de la gestion et administration de sa personne et de ses biens, par jugement du tribunal civil de Langres du 29 juillet 1829". Ce jugement a été prononcé quelques temps après le décès de son mari. On comprend enfin que Marie Claude Tresse souffrait de troubles psychiatriques suffisamment graves pour nécessiter un internement dans l'asile d'aliénés du département qui se trouvait justement à Saint-Dizier. Cet asile, pour reprendre le terme de l'époque, a été fondé en 1824 et recevait des malades de la Haute-Marne, de la Marne, de l'Aube et de la Seine.


Elle y restera jusqu'à son décès le 6 octobre 1833, à l'âge de 53 ans.

Voilà en quelques mots ce que l'on peut savoir du destin de cette femme, notre ancêtre. Comme vous le voyez, on ne fait qu'effleurer le drame que fut sa vie.

Sa fille cadette, Gabrielle, épouse Petitot, a aussi fini sa vie à l'asile départemental de la Haute-Marne (Saint-Dizier) le 7 août 1850 à 41 ans.

Carte postale ancienne représentant l'asile de Saint-Dizier.

Lien vers la généalogie de Marie-Claude Tresse : cliquez-ici.

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