mercredi 23 mai 2018

Virginie Escalle (1808-1879), épouse Louis Gallissian

Un séjour à Marseille est l'occasion d'évoquer l'importance qu'a eue cette ville pour les branches de notre famille des Hautes-Alpes. Directement, aucun de nos ancêtres est directement lié à cette ville. En revanche, de nombreuses branches collatérales sont passées ou se sont installées dans la cité phocéenne qui a été, de tout temps, un débouché naturel du trop-plein démographique des montagnes des Hautes-Alpes.

Aujourd'hui, je vais plus particulièrement évoquer Virginie Escalle, épouse de Louis Gallissian, qui a passé de nombreuses années à Marseille.

Elle est née à La Motte-en-Champsaur le 6 mars 1808, dernière fille de Joseph Escalle et Rose Gauthier. Elle est donc la sœur de notre ancêtre Hippolyte Escalle (1804-1858) [56].

A l'âge de 23 ans, le 11 janvier 1832, elle épouse Jean Louis Antoine Gallissian, un marchande bois de Volonne (Alpes-de-Hautes-Provence), au bord de la Durance. 

Signature de Louis Gallissian (acte de mariage).

Signature de Virginie Escalle (acte de mariage).


Par contrat de mariage, ses parents lui donnent 8 000 francs, somme conséquente pour l'époque. Louis Gallissian est né à Sourribes (Alpes-de-Haute-Provence) le 10 mai 1801, village d'où est originaire sa famille, mais ses parents se sont rapidement installés à Volonne, comme aubergistes, sur la route qui rejoignait les Hautes-Alpes et la Haute-Provence (Sisteron) à Marseille par la vallée de la Durance. Comme souvent, le métier d'aubergiste était en lien avec les activités de négoce. Dans le cas présent, la famille Gallissian faisait aussi le négoce de bois, probablement entre les forêts des Hautes-Alpes et Marseille, en utilisant la Durance comme moyen de transport du bois. Un de fils de cette famille, Joseph Casimir, frère de Louis, est qualifié de radelier dans son acte de décès en 1830. Le radelier conduisait les convois de bois, assemblés sous forme de radeau, sur la Durance. Ses deux autres frères sont décédés à Marseille en 1863 et 1865 où ils étaient courtier et commissionnaire en bois.


Une vidéo de présentation des radeliers de la Durance :


C'est donc ce milieu d'aubergistes et de marchands de bois que Virginie Gallissian a rejoint, sans que l'on arrive à déterminer comment le lien s'est fait entre ces deux familles, de La Motte-en-Champsaur et Volonne.

Louis Gallissian prend d'abord la succession de son père à l'auberge de Volonne où il est recensé en 1836 avec sa femme Virginie Escalle. Ils n'auront pas d'enfants, ce qui explique peut-être qu'ils hébergent une nièce, Pauline Escalle, née en 1828, qui restera avec eux au moins jusqu'en 1846.

Vers 1840, toute la famille s'installe à Aubignosc, de l'autre côté de la Durance, dans un grande propriété aux Filières, plus proche de la nouvelle route nationale qui délaisse maintenant Volonne.

Fillières (Aubignosc), sur les minutes de la carte d’État-major, vers 1840.
Louis Gallissian exploite ce domaine avec une importante domesticité. Dans le recensement de 1836, alors qu'il habite encore à Volonne, il emploie déjà 6 domestiques. En 1841, ce sont maintenant 7 domestiques et un postillon qui travaillent pour lui, en plus de ses deux oncles. En 1846, s'amorce une décroissance puisque il n'y a plus que 2 domestiques et un postillon. Preuve de sa notabilité et de son assise locale, Louis Gallissian est maire d'Aubignosc de 1841 à juillet 1848.

Pour une raison que j'ignore encore mais que je pense liée à de mauvaises affaires, le couple Gallissian disparaît de Volonne et Aubignosc après 1848 et se retrouvent à Marseille où leur présence est attestée dès 1852. Louis Gallissian a toujours un métier en lien avec la route, mais il est plus modestement le représentant des messageries Aubert père & fils à Marseille. Avant l'arrivée du train, qui n'a relié Gap à Marseille qu'en 1875, la seule possibilité pour rejoindre relativement rapidement les deux villes était le service de diligences qui était concédé à des entreprises de messageries qui prenaient en charge l'organisation de ces transports. Ce sont les fameux maîtres de poste. La famille Aubert de Gap a été le principal opérateur des services de diligences entre les deux villes, en assurant les correspondances avec Lyon, Grenoble, Chambéry et Genève et le service vers Embrun, Briançon et Turin. A Marseille, les diligences arrivaient à l'hôtel des Deux Pommes, sur le Cours Belsunce, au n° 32. Il fallait 16 heures pour parcourir les 182 km. qui séparent les 2 villes. Par exemple, en 1859, les messageries Aubert père & fils assuraient un départ depuis Marseille vers Gap tous les jours à 7 heures du matin et semble-t-il, certains jours, à midi comme le précise cette annonce de l'Indicateur marseillais :


Louis Gallissian était donc le responsable du bureau de Marseille des messageries Aubert père et fils. Dans l'Indicateur marseillais, qui était une sorte d'annuaire commercial de la ville, il est signalé comme représentant de ces messageries sans interruption de 1852 à 1866. Il a donc en charge de gérer les arrivées et départs depuis Marseille et d'assurer l'accueil de la clientèle. Ils habitaient à proximité, d'abord au 32 rue Petit-Saint-Jean (1852), puis au 22 rue d'Aix (1853-1854) et enfin au 1, rue du Relais (1855-1866), rue qui porte bien son nom car il s'agit ici du relais de poste. C'est cette adresse qui est indiquée, comme ici dans l'Indicateur marseillais, de 1859 :


En habitant rue du Relais, il ne pouvait guère être plus proche du point d'arrivée de diligences à l'hôtel des Deux Pommes car l'immeuble fait l'angle du cours de Belsunce et de la rue du Relais et se trouve mitoyen de l'hôtel.


Sur cette photo, l'hôtel des Deux-Pommes, qui a ensuite été rebaptisé en hôtel des Deux-Mondes et qui est actuellement au n° 46 du cours Belsunce, se trouve à gauche et l'immeuble du 1 rue du Relais fait l'angle avec le cours, à droite sur la photo. J'ai trouvé cet historique sur un site :

Au 46 Cours Belsunce, on héberge des voyageurs depuis le 17ème siècle ! Autrefois c'était les Deux Pommes et les Deux Indes, mais aujourd'hui ce sont les Deux Mondes ! En effet sur l'emplacement de l'actuel Hôtel des Deux Mondes fut crée dès 1637 l'Auberge des Deux Pommes par la famille Ripert et juste à côté l'Auberge des Deux Indes.
Ces deux établissement restent voisins jusqu'en 1869, date à laquelle l'Auberge des Deux Indes est transférée rue du Petit Saint Jean. L'Auberge des Deux Pommes se maintiendra encore un peu de temps.
Autrefois les hôtels se trouvaient au n°32 et n°34 mais un changement de numérotation du Cours Belsunce au XIXème siècle les transformera en n°46.

Sur cette photo ancienne, on voit l'hôtel des Deux Mondes et, à droite, l'immeuble de la rue du Relais.



L'hôtel des Deux Mondes a, aujourd'hui, beaucoup perdu de sa superbe.

Comme je l'ai dit, on trouve Louis Gallissian comme représentant des messageries Aubert dans l'Indicateur marseillais, sans interruption de 1852 à 1866. Cela veut dire que tous les Hauts-Alpins assez aisés pour prendre la diligence sont passés entre ses mains. Selon le jeu des solidarités familiales et locales, on le trouve comme témoin de mariage de Marie Marguerite Faudon en 1852 ou de Marie Eulalie Heyriès en 1856, toutes les deux originaires de Volonne. De même, en 1859, il est le témoin du mariage de sa nièce Malvina Escalle, qui se marie à 17 ans, avec un postillon, qui travaillait peut-être pour les messageries Aubert. Il n'est pas exclu qu'il ait contribué à trouver un mari à cette nièce qui était depuis peu orpheline de père. Il sera d'ailleurs témoin de la naissance des enfants du couple. Encore ne s'agit-il que des quelques mentions que j'ai pu trouver, mais il est probable que sa position de premier contact à Marseille pour de nombreux hauts-alpins et bas-alpins devait lui donner un rôle d'intermédiaire et de facilitateur pour tous ces montagnards qui débarquaient dans cette grande ville si différente du monde d'où ils venaient.


Louis Gallissian et sa femme Virginie Escalle quittent Marseille après 1866, dernière mention dans l'Indicateur marseillais. De la même façon qu'ils avaient hébergé leur nièce Pauline Escalle, les deux oncles célibataires de Louis Gallissian et l'oncle maternel de Virginie Escalle, Dominique Gauthier, ils font appel à la solidarité familiale pour les dernières années de leurs vies, d'autant plus que tout indique qu'ils étaient ruinés et n'avaient plus aucun bien et probablement fort peu d'économie. Ils vont d'abord habiter chez leur nièce Honorine Escalle, épouse Motte, à Saint-Firmin (Hautes-Alpes) où Louis Gallissian décède peu de temps après leur installation, le 14 mai 1867. Virginie Escalle reste chez sa nièce au moins jusqu'en 1872. Ensuite, probablement après le décès de cette dernière cette même année, elle est recueillie par une autre nièce, Eugénie Escalle, épouse Boyer-Joly, aux Héritières, hameau de La Motte en Champsaur. Elle y décède le 12 novembre 1879. Elle est revenue mourir là où elle était née 71 ans plus tôt, après une vie qu'elle avait sûrement imaginé plus brillante.

Généalogie ascendante de Virginie Escalle : cliquez-ici.
Lien de parenté avec Virginie Escalle : cliquez-ici.

jeudi 10 mai 2018

La famille Bardin est une de celles que j'ai le moins étudiée. C'est celle de nôtre ancêtre Nelly Bardin (1882-1962) [11]. Néanmoins, profitant d'un voyage à Briançon, il nous a suffi de faire un petit détour pour photographier la tombe des Bardin dont je ne possédais aucune photo. Cela m'a permis de compléter mon recensement des tombes de la famille (cliquez-ici).


C'est une des tombes impressionnantes du cimetière de Charavines, celle que l'on voit à gauche sur cette photo. La tombe de droite est celle de la famille de Montgolfier, une des branches de cette prolifique famille qui s'est implantée à Charavines, dans l'industrie papetière. Comme on le voit par la comparaison des tombes, la hiérarchie sociale est respectée.


Comme les tombes de la famille au cimetière Saint-Roch de Grenoble, elle se présente sous forme d'un "mur" portant le nom des nombreuses personnes inhumées, 22 personnes en l'occurrence, depuis le premier enterré, Jean-Baptiste Bardin, en janvier 1856, jusqu'à Hélène Bardin qui y repose depuis janvier 2015.  On y trouve donc un arrière-grand-père d'une de nos arrière-grands-mères, Jean-Baptiste Bardin (1775-1865) [88], puis les deux générations suivantes : Élisée Bardin (1810-1866) [44] et son épouse Marie Lombard (1814-1889) [45], leurs fils Marc Bardin (1845-1926) [22] et son épouse Maria Froment (1847-1926) [23]. L'épouse de Jean-Baptiste Bardin, Alexandrine Buisson (1788-1834) [89] est absente de cette tombe.

Dans ce cimetière, on trouve aussi la tombe de la famille Bret, qui s'est plusieurs fois alliée à la famille Bardin :


La tombe de la famille Monin, qui est liée à la famille Bardin par Eulalie Bardin (1826-1894), fille de Jean-Baptiste Bardin :


Il y a probablement d'autres tombes de cousins dans ce cimetière.

Cela a ensuite été l'occasion d'aller à Louisias, un hameau de Charavines, voir la maison familiale des Bardin (de mémoire, elle serait dans la famille depuis au moins le XVIIe siècle) :



et la grange attenante, qui est un des plus beaux exemples de l'architecture traditionnelle du Pays Voironnais, avec son architecture en pisé et son toit de chaume. L’ensemble appartient encore à la famille Bardin. Elle aurait été construite en 1805, soit à l'époque de Jean-Baptiste Bardin et de son père Guillaume Prieur-Bardin, le premier Bardin qui s'est installé à Louisias par mariage.



Généalogie ascendante et descendante de Jean-Baptiste Bardin : cliquez-ici.