jeudi 30 décembre 2010

Hippolyte Escalle


Notre arrière-grand-père, Hippolyte Escalle, notaire à Briançon, a été nommé chevalier de la Légion d'Honneur le 24 mai 1924. Il a ensuite obtenu le grade de chevalier de la Légion d'Honneur le 1er août 1934. Les deux fois, il a obtenu cette distinction au titre de son activité publique comme conseiller général des Hautes-Alpes.

Son dossier a été numérisé et il est désormais accessible sur Internet (base Léonore). Du dossier numérisé, j'ai extrait ces documents :

Fiche de renseignement pour sa nomination en 1924.


On y apprend qu'il a été quelques temps notaire à La Saulce, commune du sud des Hautes-Alpes, de mars 1888 à septembre 1889, avant d'être nommé notaire à Briançon le 26 octobre 1889. Il a alors 27 ans. Il se mariera quelques mois plus tard, le 21 juin 1890, avec Marie Roux, de Villeneuve-La Salle.
On y apprend encore qu'il a été conseiller municipal de Briançon depuis le 1er mai 1892 sans interruption jusqu'en 1934. Nous savions qu'il avait été maire de Briançon, mais ce document permet de confirmer qu'il a tenu ce poste pendant 9 ans, de juillet 1910 à décembre 1919.
Enfin, il a été conseiller d'arrondissement de Briançon à partir de juillet 1892, jusqu'à la disparition de cette fonction en 1919. Il est alors conseiller général des Hautes-Alpes, fonction qu'il occupera au moins jusqu'en 1934.

Ce jugement du préfet, qui appuie sa nomination, est flatteur pour son activité au profit de ses concitoyens : "Il se dévoue inlassablement et dépense sans compter toute son activité".

Le document suivant est aussi une fiche de renseignements pour sa nomination de 1934. Elle est moins complète que la précédente, sauf pour les distinctions nombreuses qu'il a déjà reçues.



Enfin, le dernier document est une lettre de sa main suggérant que la Légion d'Honneur lui soit remise par le docteur Petit de Briançon.



Lien vers la généalogie d'Hippolyte Escalle : cliquez-ici.

dimanche 14 novembre 2010

Marie Claude Tresse (1780-1833)


La généalogie ne fait en général qu'effleurer la vie des nos ancêtres. Certes, on peut savoir plus de choses que les seules dates de naissance, mariage et décès. On peut trouver quelques informations sur leur vie, leur patrimoine, etc. Cependant, l'histoire de notre ancêtre Marie-Claude Tresse nous permet seulement de pressentir une vie dramatique, mais la réalité et la force de ce drame personnel nous resteront à jamais inconnues.


Marie Claude Tresse est née le 2 juillet 1780 à Langres, deuxième fille de Simon Tresse, boulanger, et d'Etiennette Ageron. Elle est baptisée le même jour en la paroisse Saint-Pierre de Langres.

Acte de baptême de Marie Claude Tresse.

Langres est une petite ville fortifiée un peu austère, au nord de Dijon, sur la route qui mène vers la Lorraine.

Vue aérienne de Langres

Ville active, évêché aux nombreux couvents, elle a un artisanat florissant, en particulier dans la coutellerie. C'est la patrie de Denis Diderot. A l'époque, elle abrite entre 8 000 et 9 000 habitants. Avec le temps, elle perdra de son importance, avec la disparition de l'évêché après la Révolution et le choix de Chaumont comme chef-lieu de département de la Haute-Marne à son détriment.

Une rue de Langres qui n'a pas dû beaucoup changer depuis le XVIIIe siècle.

Le 13 floréal an VI (2 mai 1798), alors qu'elle a encore 17 ans, Marie Claude Tresse épouse Didier Sommier, un ancien séminariste (il a été tonsuré en 1787, mais n'a jamais été prêtre), de 11 ans son aîné (il est né le 3 avril 1769). Comme ses ancêtres, il est chapelier.

Signatures de l'acte de mariage de Didier Sommier et Marie Claude Tresse.

Enceinte peu de temps après son mariage, les 8 premiers enfants vont se succéder à un rythme effrayant entre 1799 et 1808 (tous nés à Langres) :
  • Simon Didier, né le 27 pluviôse an VII (15 février 1799)
  • Pierre Antoine Camille, né le 6 ventôse an VIII (25 février 1800)
  • Rémy Jules, né le 3 nivôse an IX (24 décembre 1800)
  • Marie Célinie, née le 18 pluviôse an X (7 février 1802)
  • Simonne Louise, née le 20 ventôse an XI (11 mars 1803)
  • Dominique Simon Théodore, né le 6 brumaire an XIV (28 octobre 1805)
  • Jean Baptise Léon, né le 18 février 1807
  • Gabrielle, née le 22 novembre 1808

Je dis effrayant car l'écart entre les enfants est de l'ordre d'un an, sauf vers la fin, alors qu'à l'époque, il était souvent plus proche de 2 ans. En 1800, elle a deux enfants dans l'année, le premier né en février, suivi 10 mois plus tard d'un garçon né la veille de Noël. Ensuite, pendant presque 9 ans, plus d'enfant jusqu'à la naissance du petit dernier, Paul Sommier, le 11 août 1817. Son mari a quitté l'artisanat en étant d'abord instituteur, puis libraire. Il finira sa vie comme greffier en chef du tribunal de première instance de Langres.


En mai 1826, lors du mariage de l'un de ses enfants, Dominique, l'acte d'état civil précise qu'elle réside "accidentellement" à Saint-Dizier, une ville du nord de la Haute-Marne. L'absence de la mère au mariage et sa résidence loin de sa famille intriguent. Cela se répète pour les mariages suivants, en février et avril 1829, et lors du décès de son mari, le 11 mai 1829. En 1832, lors du mariage de sa dernière fille Gabrielle, on apprend qu'elle est "interdite de la gestion et administration de sa personne et de ses biens, par jugement du tribunal civil de Langres du 29 juillet 1829". Ce jugement a été prononcé quelques temps après le décès de son mari. On comprend enfin que Marie Claude Tresse souffrait de troubles psychiatriques suffisamment graves pour nécessiter un internement dans l'asile d'aliénés du département qui se trouvait justement à Saint-Dizier. Cet asile, pour reprendre le terme de l'époque, a été fondé en 1824 et recevait des malades de la Haute-Marne, de la Marne, de l'Aube et de la Seine.


Elle y restera jusqu'à son décès le 6 octobre 1833, à l'âge de 53 ans.

Voilà en quelques mots ce que l'on peut savoir du destin de cette femme, notre ancêtre. Comme vous le voyez, on ne fait qu'effleurer le drame que fut sa vie.

Sa fille cadette, Gabrielle, épouse Petitot, a aussi fini sa vie à l'asile départemental de la Haute-Marne (Saint-Dizier) le 7 août 1850 à 41 ans.

Carte postale ancienne représentant l'asile de Saint-Dizier.

Lien vers la généalogie de Marie-Claude Tresse : cliquez-ici.

samedi 2 octobre 2010

L'origine de la famille Magron


La famille Magron trouve son origine dans une petite vallée des Vosges, au pied du col du Donon qui permet de rejoindre l'Alsace. Cette carte permet de localiser les deux villages où se situent l'histoire de la famille au XVIIIe siècle : Vexaincourt et Raon-sur-Plaine.


Les aléas de l'histoire font que l'état civil de ces deux communes, qui appartenaient alors à la paroisse de Luvigny, est fortement lacunaire. En effet, à part quelques fragments, les registres commencent de façon continue en 1778. Cela ne permet guère de remonter loin dans le temps.

L'histoire commence par le couple Joseph Magron (né vers 1712) et Françoise Caier (née vers 1715.) Différents indices me laissent penser qu'ils ne sont pas originaires de cette vallées. Premier indice, tous les Magron que l'on trouve dans l'état civil des villages de Vexaincourt, Luvigny, Raon-sur-Plaine et Raon-lès-Leau peuvent tous se rattacher à ce couple. Deuxième indice, on ne trouve qu'une fois le nom de famille Caier dans ces états civils, présomption que l'origine est en dehors de cette vallée. Cependant, ils ne devaient pas venir de très loin. Cette carte des naissances Magron en France entre 1891 et 1915 montre que l'origine du nom de famille se situe entre la Meurthe-et-Moselle et les Vosges.




Ce couple a eu au moins deux fils, Joseph Magron, qui a été maire de Vexaincourt dans les années 1770, et Valentin, né vers 1747.

Le père, Joseph Magron, est mort à Raon-sur-Plaine le 29 mars 1790 à 78 ans. Dans son acte de décès, on voit la signature de son fils Joseph Magron.

Sa femme est décédée le 18 septembre 1791 à 76 ans. Cette fois-ci, c'est son fils Valentin, notre ancêtre, qui signe.



Alors que les parents Joseph Magron et Françoise Caier habitaient Raon-sur-Plaine, Valentin Magron vivait à Vexaincourt, peut-être suite à son mariage avec Odile Vigneron. Il est souvent qualifié de manœuvre, terme que l'on trouve souvent dans les registres de l'époque dans cette région. Cela correspond au journalier que l'on trouve dans d'autres régions. Il est aussi qualifié accessoirement de voiturier et de bûcheron. La principale activité de cette région était l'exploitation des forêts qui couvrent très largement le territoire de ces différentes communes
Du mariage avec Odile Vigneron, ils ont eu un fils Barthélemy Magron, né à Vexaincourt le 15 mai 1787.


Odile Vigneron est morte jeune, à 48 ans, le 27 prairial an III (15 juin 1795).


Son mari Valentin se remarie avec Barbe Ducarme. Ils ont un fils, Nicolas Magron, né en 1798, qui fait souche à Raon-sur-Plaine. On trouve sa descendance jusqu'à la fin du XIXe siècle, avec en particulier un marchand de bois et un aubergiste.
Valentin Magron est mort à Raon-sur-Plaine le 24 Floréal An IX (14 mai 1801) à 54 ans.

Quant au fils aîné, Barthélémy, notre ancêtre, on le retrouve quelques années plus tard à Is-sur-Tille, une commune au nord de Dijon. Il est cordonnier et il s'y marie le 29 novembre 1810 avec Marie Mathieu, fille d'un cordonnier. Ils s'installent ensuite un peu nord, sur la route de Langres à Prauthoy. Ici commence l'histoire de la famille Magron à Prauthoy, mais c'est une autre histoire...

Pour finir, quelques images de Raon-sur-Plaine :






La grande rue de Vexaincourt :


Lien vers la généalogie de la famille Magron (Barthélemy Magron) : cliquez-ici.


dimanche 20 juin 2010

L'origine du nom de famille Barféty


Le nom de famille Barféty a quelque chose d'un peu étrange par sa graphie et sa rareté. Son étymologie a posé des difficultés à Albert Dauzat, un des grands spécialistes des noms de familles qui n'a pas su en donner une étymologie satisfaisante. En particulier, il a buté sur le préfixe "Bar".

Il ne savait pas qu'à l'origine ce nom s'écrivait Bard-Féty, car pour cela, il fallait faire quelques recherches sur l'histoire du nom avant d'en expliquer l'étymologie. Ces recherches faites dans les registres paroissiaux nous apprennent que le nom s'est formé comme nom double à partir du patronyme d'origine de la famille qui était Bard. En effet, pour distinguer les différentes familles Bard, s'ajoutait un surnom qui dans notre cas a été Festy. Les deux autres familles Bard du village ont eu respectivement comme surnom Voirat et Blanc. Il était même d'usage de n'utiliser que le surnom comme nom de famille. Ainsi, jusqu'aux années 1730, il est courant de trouver Festy comme seul patronyme en concurrence avec Bard-Festy. L'usage de n'utiliser qu'un seul des deux noms n'a rien pour nous étonner. Nous le retrouvons lors de l'étude des familles Bardin et Donnet (à l'origine Prieur-Bardin et Lombard-Donnet).

Signalons que l'usage des noms doubles est extrêmement courant dans le Beaufortain où la grande majorité des patronymes sont de cette forme : Bouvier-Banguillon, Frison-Roche, Uginet-Chapot et avec le même nom de Bard, Bard-Voirat et Bard-Blanc.

Pour la signification de Bard, nous utilisons l'étymologie qu'en donne A. Dauzat. Il s'agit d'un nom de lieu-dit, au sens de "hauteur", "éperon de montagne" ou "replat". Il signale que cette désignation de lieu-dit est fréquente en Savoie.

Pour ce qui est de Festy, son étymologie commune avec "fête" ne fait pas de doute. La présence du "y" n'a pas de signification étymologique. Il s'agit plutôt d'un ornement graphique que les curés en charge de l'enregistrement des actes de catholicité avaient pour usage d'utiliser pour remplacer les "i". Cet usage ne leur était pas propre. Cela explique par exemple que les noms de famille formés à partir de "roi" s'écrivent encore Roy, Leroy ou Duroy. Quant à la transformation du groupe "es", en "é", c'est une règle générale du français. Dans notre cas, les deux orthographes Festy et Féty ont existé simultanément jusqu'aux années 1720-1730.

A partir de cette date, le nom s'est stabilisé sous la forme Bard-Féty. A la fin du XVIIIème siècle, apparaît une nouvelle orthographe avec la disparition du "d" et l'habitude de l'écrire en un seul mot. De Bard-Féty, nous passons à Barféty. Ce nouvel usage mettra beaucoup plus de temps à s'imposer. Au début du XIXème siècle, il est devenu la règle générale, mais on trouve encore l'orthographe ancienne jusqu'en 1826 (à Venthon), ce qui démontre que la signification du nom ne s'était pas perdue.

Aujourd'hui, il semble que l'usage de l'accent soit assez flottant. Signalons que dans l'état-civil, il a toujours été scrupuleusement respecté. L'origine et l'histoire de notre patronyme nous enjoignent de le mettre.

L'histoire même de notre nom est une preuve à elle-seule que les Barféty sont tous cousins. La recherche généalogique pourrait le confirmer, s'il s'avérait possible de remonter jusqu'à l'ancêtre fondateur. Nous n'en sommes pas arrivés jusque là.

Pour finir, quelques éléments sur l'origine des Barféty. Ils semblent tous provenir d'un même hameau de la commune de Queige en Savoie, Les Pointières. La carte jointe permettra de situer le village et le hameau dans le Beaufortain, cette région enclavée proche d'Albertville.



Pour les randonneurs, il existe même un sentier de découverte du hameau.



A cette adresse (cliquez-ici), un généalogiste a publié le résultat de ses recherches sur les Barféty. La branche qui nous concerne est la n° 18. On voit que l'ancêtre le plus ancien est Jean Barféty, né vers 1615. Nous descendons de Joseph Barféty, fils de Joseph Barféty et Agathe Gonthier.

Pour finir, une belle photo prise des Pointières. On comprend qu'avec une telle vue, les Barféty portent la montagne dans leurs gènes.


dimanche 30 mai 2010

Un mariage en 1673 dans la Mayenne


Poursuivant mes recherches en utilisant l'état-civil en ligne et ce que je peux trouver sur les sites de généalogie (Geneanet, en l'occurrence), je suis remonté dans l'ascendance mayennaise de notre ancêtre Marie-Anne Favrot. J'ai trouvé cet acte de mariage du 18 avril 1673, dont je vous laisse admirer la belle écriture de la fin du XVIIe siècle.


Ce jour-là, à Argentré, une commune de la Mayenne à quelques kilomètres de Laval, s'unissent Pierre Coutelle, né vers 1643, fermier ("closier" dans le vocabulaire de cette époque et de cette région) et Jeanne Leloy, née vers 1647. Pierre Coutelle, probablement sans parents, est assisté de son maître, autrement dit de son propriétaire, Pierre Marteau. Jeanne Leloy est assistée de sa mère, dont on ne donne pas le nom, et de son beau-frère René Renazé. Personne ne sait signer.


De cette union, est née Perrine Coutelle qui épouse le 11 janvier 1707, à Louvigné, une commune voisine, Guillaume Le Tessier, dont l'acte de baptême du 26 septembre 1677 est encore un bel exemple d'écriture XVIIe.
Leur fils ainé, Guillaume Le Tessier (ou Letessier), né à Louvigné le 1er décembre 1707 se retrouve quelques années plus tard tisserand à Laval. Il épouse un fille de Laval, Marie Lecottier. Il est le père de Louise Letessier et le grand-père de Marie-Anne Favrot dont j'ai parlé dans le message précédent.

Lien vers la généalogie de la famille Letessier (Marie Anne Favrot) : cliquez-ici.

jeudi 13 mai 2010

La famille Favrot de Laval (Mayenne)



Pour ceux qui l'ignorent, nous avons quelques ancêtres à Laval dans la Mayenne.

Le 23 avril 1771, à la paroisse de Saint-Vénérand, à Laval, se marie Pierre Favrot, né vers 1739 avec Louise Letessier, née vers 1745. Ils appartiennent à des familles de tisserands. En effet, depuis le moyen age, Laval est un grand centre textile, spécialisé dans la toile de lin. En cette deuxième moitié du XVIIIe siècle, cette industrie prend une importance toute particulière, faisant vivre une importante population de tisserands.

Eglise de Saint-Vénérand.

De ce mariage, sont nés 4 enfants, tous baptisés à Saint-Vénérand :
- Louise, le 10 juillet 1776
- Marie Anne, le 13 août 1778
- Anne, le 22 juin 1781
- Pierre, le 27 avril 1784

Le destin fragile de ces familles d'artisans, qui ne pouvaient vivre décemment que lorsque le commerce et l'industrie fonctionnaient correctement, a probablement été bouleversé par la Révolution. A la crise économique qui a précédé et accompagné la Révolution, se sont ajoutés les troubles propres à cette région. En effet, on est plein pays chouans. A partir de 1792, les troubles, assimilables à une guerre civile, affecteront toute la région de Laval, avec un paroxysme entre les années 1792 et 1796. On imagine dans ces conditions que la vie des artisans, sans autre revenue que celui de leur travail, devenait très précaire. La famille va se disperser.

La mère meurt entre 1784 et 1794.
Le père Pierre Favrot meurt le 8 Juillet 1796 à l'hospice de Laval. Pour un ouvrier sans travail, ce qui était peut-être sa situation en ce temps de crise économique, et malade, l'hospice était le seul recours, sauf à avoir une famille pour le soutenir, ce qui ne semble pas avoir été son cas.


La fille aînée Louise se retrouve à Cossé-le-Vivien, un bourg à 18 kilomètres au Sud de Laval, qui sera une des bases de l'Armée de l'Ouest qui fait son travail de "pacification" de la région lors des guerres de Vendée. Tout juste âgée de 18 ans, elle épouse le 7 décembre 1794 un soldat de cette Armée, stationnée à Cossé-le-Vivien, Guillaume Voisin, originaire de Limoges, âgé de 28 ans. Elle est dite âgée de 21 ans alors qu'elle n'a que 18 ans. Son père est absent. Au moment de son mariage, le bourg est encerclé par les Vendéens. On aurait pu imaginer que le couple se serait évanoui dans la nature à la fin de la guerre de Vendée. En réalité, et contrairement à ce que l'on pouvait s'attendre, ils reviennent se fixer à Cossé-le-Vivien où Guillaume Voisin s'installe comme serrurier vers 1806. J'ai retrouvé la trace de 3 enfants. Le premier, Guillaume, est né en décembre 1803 alors que ses parents voyagent depuis Bayonne (le père y était peut-être encore militaire et venait d'être démobilisé). Il naît donc par accident à Chatelaillon, près de La Rochelle. L'officier d'état-civil note qu'ils ont l'intention de se domicilier à Laval. En fait, on les retrouve à Cossé-le-Vivien où deux filles naissent, Marie Louise en 1806 et Olive en 1809. La mère, Louise Favrot, décède le 10 mars 1812 à 35 ans, laissant ses enfants âgés de 8, 6 et 2 ans. Le père se remarie, mais l'errance de la famille continue. Il meurt dans la Creuse en 1821, alors que l'on retrouve les 3 enfants à Château-Gontier, autre commune de la Mayenne proche de Laval. Ils sont respectivement tailleur d'habits, ouvrière et femme de chambre lors de leur mariage à Château-Gontier. Je n'ai pas poursuivi plus avant la descendance de cette lointaine tante. Probablement que les pérégrinations de cette famille déracinée a continué. J'ai seulement retrouvé la trace d'un petit-fils, Ernest Voisin, qui était professeur de musique à Château-Gontier en 1856, premier signe, dans cette branche de la famille, d'une évolution sociale.


On retrouve la deuxième fille, Marie Anne, à Paris où elle donne naissance à une fille, le 10 décembre 1803, de sa liaison avec un sergent de la Garde Impériale, Antoine Poirier (il s'agit d'un fameux grognard de Napoléon).

Ils reconnaissent l'enfant sous le nom de Louise Poirier. De cette liaison, naîtra le 17 février 1807 une seconde fille, Jeanne Pauline Poirier. Enfin, le 11 mars 1808, ils régularisent la situation en se mariant à la mairie du 2e arrondissement à Paris. La mariée assure qu'elle ne sait pas où sont décédés ses parents et grands-parents, preuve, s'il en est, de la décomposition de cette famille. Autre fait notable, Antoine Poirier se qualifie de propriétaire, cachant qu'il est officier de la Garde Impériale. En effet, il aurait probablement été bien en peine d'obtenir l'autorisation de se marier, puisque une des conditions était que l'épouse justifie d'une revenu, autrement dit d'une rente (je crois de 1200 francs annuels). Il est difficile de reconstituer des sentiments plus de 200 ans après, mais il devait y avoir une forte affection entre eux pour qu'Antoine Poirier, qui appartenait à un corps d'élite, prenne le risque de ne pas respecter le règlement. Une injustice, dont il s'est dit victime, et sa démission de l'armée en 1809 ne sont peut-être pas étrangères à ce mariage dissimulé. Quelques mois après leur mariage, un troisième enfant leur naît, à Courbevoie, près de Paris, à la caserne de la Garde Impériale : Auguste Poirier, le 13 août 1808.
Marie Anne Favrot meurt à 74 ans à Dole, dans le Jura, le 20 juillet 1853. Son mari la suit peu après le 25 décembre 1853. Ils ont vécu plus de 50 ans ensemble.

La troisième fille est restée à Laval. Elle s'y marie le 19 septembre 1807 avec un tailleur d'habits, Julien Coutard. On perd leur trace immédiatement après ce mariage : pas d'enfants ni de décès à Laval, nouveau signe de ce déracinement, qui semble la marque de cette famille.

Quant au fils, Pierre, je n'ai pas retrouvé sa trace.

Pour finir, un image de la belle signature de Pierre Favrot, preuve d'un minimum d'instruction en ce milieu du XVIIIe siècle. Dans ces régions et dans ces milieux, l'instruction minimale, c'est à dire savoir signer, semblait peu répandue.


Lien vers la généalogie de Marie Anne Favrot : cliquez-ici.

mardi 11 mai 2010

Faire-parts de décès, famille Escalle


Un site Internet propose de nombreux faire-parts de décès (http://www.collectionfaire-part.com/index.htm). J'en ai trouvé deux qui concernent une branche de la famille Escalle, la descendance de Joseph Escalle (né La Motte-en-Champsaur (Hautes-Alpes) 5 Fructidor An V (22/8/1797), mort Lons-le-Saunier (Jura) 21/12/1871). Libraire à Lons-le-Saunier, il a épousé Julie Faure (née Marseille 29 Germinal An XII (19/4/1804), morte Voiteur (Jura) 5/6/1879), une petite fille du célèbre botaniste Dominique Villars.

Le premier faire-part est celui de leur fille Léonie Escalle, épouse Paul Floquet (née Lons-le-Saunier (Jura) 18/11/1830, morte Poligny (Jura) 21/11/1913)



La majorité des personnes citées appartient à sa famille maternelle, les Faure. Les Escalle ne sont représentés que par son frère Arthur et sa sœur, Mme Salesse. Il n'y a aucun de ses cousins germains Escalle et de leurs descendances. Le lien avec la famille restée dans les Alpes était rompu. Côté Faure, en revanche, on trouve de nombreux noms, dont quelques familles nobles comme les de Charette.

Le deuxième faire-part est celui du petit-fils de Léonie Escalle, Saint-Hilaire Floquet (oui, le prénom semble être Saint-Hilaire si l'on en croit le premier faire-part).


Lien vers la généalogie de la branche Joseph Escalle : cliquez-ici.