Rosalie Gaignaire, née le 28 juillet 1848, à La Motte-en-Champsaur, est le dernier enfant de Paul Gaignaire [58] (1796-1870) et de son épouse Rosalie Gentillon [59] (1807-1868). Au moment du décès de ses parents, respectivement en 1868 pour sa mère Rosalie Gentillon et 1870 pour son père Paul Gaignaire, elle est encore célibataire. Dans le partage de ses biens, son père lui réserve la maison familiale au village de La Motte-en-Champsaur, avec le verger attenant (750 m2), un jardin de 70 m2, aux Prénachs, et une terre près du hameau du Serre, de 1 ha. 80 a. Surtout, elle récupère « tous les capitaux, outils aratoires et meubles garnissant les deux maisons ». Enfin, elle doit se partager un bois sur la route des Infournas avec ses nièces Barthélemy. En quelque sorte, son père lui a permis d'être autonome, en disposant d'une maison équipée et de quelques terres. Si elle a prévu de se marier, cela pourra constituer sa future dot. Si elle souhaite restée célibataire – cet arrangement laisse penser que c'est une liberté qu'on lui permet –, elle possède un patrimoine suffisant lui permettant, modestement, de subvenir à ses besoins. Lors du recensement de 1872, elle vit seule dans cette maison.
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Maison Gaignaire, à La Motte-en-Champsaur, transmise en 1870, à Rosalie Gaignaire. Elle y est recensée seule en 1872. |
Isidore Pascal et Rosalie Gaignaire ont eu quatre enfants :
- Isidore Paul François, né le 29 octobre 1873 et décédé le 14 juin 1879.
- Marie Louise, née le 18 janvier 1875.
- Armand Marie Joseph, né le 3 août 1881.
- Isidore Paul François, né le 23 août 1883.
Son mari décède le 7 septembre 1885, à quarante-huit ans, la laissant avec trois enfants âgés de dix, quatre et deux ans. Elle reste vivre avec ses enfants dans le ménage de ses beaux-parents aux Héritières. Le 4 février 1889, sa belle-mère, Madeleine Bondarnaud décède. Quelques mois plus tard, le 29 octobre 1889, ses beaux-frères Jean Barthélemy et François Pascal déclarent le décès de leur belle-sœur, « trouvée morte dans la Séveraisette [la rivière qui passe à La Motte-en-Champsaur] au quartier de Pont-Roumieu, dans la journée d’hier, à huit heures du matin ». Malheureusement, on n'en sait pas plus sur ce décès de Rosalie Gaignaire, à quarante-et-un ans, dans des circonstances sûrement dramatiques. Les trois enfants, encore jeunes car ils n'ont que quatorze, huit et six ans, restent avec leur grand-père Isidore Pascal qui, malgré ses soixante-dix-neuf ans, assure la charge de ses petits-enfants.
Le père des enfants Pascal, Isidore, avait un frère, François, né en 1848, et une sœur, Rosalie, née en 1844. Celle-ci est décédée des suites des brûlures consécutives à l'incendie qui a ravagé la totalité du hameau des Héritières le 25 juin 1872. Quant à François, il a épousé une des filles du dernier notaire du village, Me Charles Barthélemy, puis il a hérité de propriétés du côté de sa mère, au Collet, un autre hameau de La Motte-en-Champsaur. Dans ces conditions, les biens de la famille Pascal aux Héritières ont échu aux enfants du fils aîné, Isidore. C'est probablement dans cette perspective que le grand-père, sentant le poids des ans, a cherché un garçon capable de prendre en charge ce domaine des Héritières, en attendant que les fils Pascal, trop jeunes, puissent le faire. Cela explique probablement le mariage de la fille aînée Pascal, Louise, dès l'âge de dix-sept ans, avec Pierre Dille Grimaud âgé de quinze ans de plus qu'elle. Après les noces qui ont eu lieu le 25 mars 1892, Pierre Grimaud vient s'installer aux Héritières, dans la maison du grand-père de sa femme.
Le grand-père Isidore Pascal décède le 21 mai 1896 à l'âge de quatre-vingt-six ans. Un conseil de famille tenu le 8 juin 1896 devant le juge de paix du canton de Saint-Bonnet nomme leur oncle par alliance, Jean Barthélemy, comme tuteur de ses neveux Armand et Paul Pascal. Malheureusement, quelques années plus tard, celui-ci demande de nouveau la réunion du conseil de famille car il ne peut « plus s'occuper des affaires de ses neveux par suite d'une infirmité qui lui empêche d'écrire et même de lire, la vue lui faisant défaut ». Un nouveau conseil, tenu le 7 octobre 1899, émancipe l'aîné, Armand Pascal, qui vient d'avoir dix-huit ans et nomme Hippolyte Escalle, cousin germain des frères Pascal, tuteur de Paul et curateur d'Armand.
Louise Pascal (1875-1918), épouse Pierre Grimaud (1860-1927)
Louise Pascal et Pierre Grimaud ont eu cinq enfants, tous nés aux Héritières :
- Marie Louise Rachel, née le 12 février 1893.
- Adrienne Rose, née le 20 mai 1894.
- Théophile Paul Pierre, né le 2 mai 1896.
- Armand Joseph Isidore, né le 11 mai 1898, mort le 9 août suivant.
- Louis Marcel Paul, né le 8 juin 1899.
Louise Grimaud (1893-1978), épouse Armand Mauberret
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Louise Grimaud, ép. Mauberret |
Armand Mauberret Photo de sa carte du combattant (source : archives des Hautes-Alpes) |
Elle a épousé Armand Mauberret (1889-1971), propriétaire cultivateur, aux Dalmas (La Motte-en-Champsaur). Leurs cinq enfants leur ont donné une descendance dont une partie est restée à La Motte ou a gardé des liens avec le village. Le bulletin municipal de la commune en 2023 (p. 11) rapporte le mariage d'une de leurs arrière-petites-filles, preuve que le lien avec La Motte perdure avec le temps. Parmi leurs cinq enfants, c'est Auguste (1924-2008) qui a assuré la continuité de l'exploitation agricole aux Dalmas. Pour ceux qui connaissent ce film parfois surprenant de Guillaume Nicloux, L'Enlèvement de Michel Houellbecq, ils se souviennent peut-être d'un dialogue de l'écrivain dans son appartement avec cet homme qui lui donne la réplique :
Il s'agit de Véran Mauberret, architecte naval, un des petits-fils d'Amand Mauberret et Louise Grimaud.
Adrienne Grimaud (1894-1934)
Restée célibataire, elle est décédée à Marseille le 19 avril 1934. Elle semble n'avoir jamais exercé de profession, mais on ne connaît pas sa vie entre sa présence attestée aux Héritières, dans le ménage de ses parents, en 1921 et son décès à Marseille en 1934.
Pierre Grimaud (1896-1930)
Lorsqu'il se marie en 1926, avec Marie-Louise Mazet, de L'Aulagnier, à Saint-Bonnet-en-Champsaur, il est qualifié de boulanger, à La Motte-en-Champsaur. C'est aussi la profession qu'il exerce lors du recensement de 1926 et au moment de son décès en 1930. Sa veuve et son fils unique Paul (1923-1987) ont ensuite quitté le village. Il existe une descendance de cette branche.
Paul Grimaud (1899-1955)
Il a pris la suite de l'exploitation du domaine familial aux Héritières. De son mariage avec Irma Gonsolin (1901-1981), il a eu cinq enfants et une descendance dont une partie est restée au village.
Armand Pascal (1881-1961)
Comme nous l'avons rapporté, dans chacune des quatre branches issues de Paul Gaignaire (1796-1870) et de son épouse Rosalie Gentillon (1807-1868), il y a toujours eu au moins un notaire. Armand Pascal est le notaire de cette branche et l'un des neuf notaires de la descendance de ses grands-parents. Ce qui l'a distingué de ses cousins est que, pour cela, il a quitté la région et a officié pendant vingt ans à Roanne, avant de s'installer dans le sud de la France, à Cagnes-sur-Mer.
Au moment du recensement militaire de la classe 1901, il est clerc de notaire, à Gap, peut-être chez son cousin germain Paul Gaignaire. Puis, il part pour Lyon, où il entre dans l'étude de Me Pariset. En 1903, il habite dans le centre de la ville, au 28, rue de la République, puis en 1906, au 62, rue Molière. Il s'éloigne un peu plus de son pays natal pour devenir principal clerc de notaire, chez Me Aubry, à Roanne, place du Palais de Justice, en 1909. C'est alors qu'il se marie le 18 juillet 1910 avec Marie Charmetant, de Saint-Symphorien d'Ozon, une commune au sud de Lyon. Comme une illustration des solidarités familiales, ce sont ses deux cousins germains notaires, Paul Gaignaire, de Gap, et Hippolyte Escale, de Briançon qui sont ses témoins de mariage, ce dernier ayant aussi été son curateur. Le couple s'installe à Roanne. Ils n'auront pas d'enfants.
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Faire-part de nomination comme notaire à Roanne, 20 avril 1912 |
Il lui faudra attendre 1920 pour succéder à Me Aubry, dont il était toujours le principal clerc. Le décret qui le nomme est daté du 12 avril 1920. L'étude se situe à Roanne, 4, place du Palais de Justice. Avec son épouse, ils sont domiciliés à Roanne, d'abord 18, rue Alsace Lorraine (1919-1931), puis 99, boulevard baron du Marais (1934-1936). Armand Pascal exerce pendant vingt ans, jusqu'en 1940. Par décret du 25 septembre 1940, Me Jean Aubry est nommée notaire à la résidence de Roanne en remplacement de Me Armand Pascal, démissionnaire. Ensuite, par décret du 4 août 1941, l'honorariat lui est conféré.
Armand Pascal et son épouse Marie Charmetant quittent alors Roanne pour passer leur retraite au bord de la mer et au soleil, où ils habitent une villa « Le Paradou », parc Saint-Véran, rue Victor Hugo, à Cagnes-sur-Mer. Alors qu'il est à Antibes, Armand Pascal est renversé par une voiture. Il décède dans cette ville, à l'hôpital, le 15 mai 1961 à soixante-dix-neuf ans. Son épouse lui survit deux ans et décède à son tour à Cagnes-sur-Mer le 5 octobre 1963, à soixante-seize ans.
Armand Pascal a participé à la Première Guerre mondiale comme réserviste. Sa belle attitude lors du conflit lui vaut d'être promu chevalier de la Légion d'honneur, par décret du 9 mai 1919, avec cette mention :
Lieutenant (réserve) à la 17e compagnie du 279e rég. d'infanterie. Le 14 septembre 1918, dans des circonstances particulièrement difficiles, a été, pour la compagnie qu'il commandait, l'exemple vivant de la bravoure et du devoir. Après une progression profonde dans les lignes ennemies cramponné au terrain sous un feu intense de mitrailleuses contre-attaqué et menacé d'encerclement, a continué à commander son unité, malgré deux blessures graves, jusqu'à ce qu'il tombe complètement épuisé par la perte de sang. Deux citations.
Par décret du 31 octobre 1961, il est promu officier de la Légion d'honneur, pour prendre rang au 30 novembre 1961, toujours au titre de ses services rendus pendant la Première Guerre mondiale. Malheureusement, lorsque le décret est publié, il est décédé depuis quelques mois. Sa veuve écrit au Grand Chancelier de la Légion d'honneur pour le lui annoncer :
La solution trouvée par l'ordre de la Légion d'honneur est de modifier la date de prise de rang au 14 mai 1961, la veille de son décès, au lieu du 30 novembre, par un décret rectificatif du 31 décembre 1962.
Paul Pascal (1883-1958)
Paul Pascal Photo de sa carte du combattant (Source : archives des Hautes-Alpes) |
Des deux frères Pascal, c'est lui qui assure la continuité de la famille aux Héritières, comme propriétaire cultivateur. De son mariage avec Marie Motte-Maurel (1886-1961), du Villardon, à Saint-Eusèbe, il a eu trois enfants, un fils qui n'a vécu que deux ans, Paul (1911-1913) et deux filles, Magdeleine (1918-2015), épouse d'Arthur Grimaud (1915-2005), de Charbillac, et Marie-Jeanne (1920-2016), épouse de Joannès Blanchard (1915-1977), des Tisons, autre hameau de La Motte-en-Champsaur. La descendance des deux filles est importante, dont une partie est restée à La Motte-en-Champsaur, comme cultivateurs. Ces deux vidéos consacrées à de (très) jeunes éleveurs du Champsaur montrent que la relève est là. Ce sont des arrière-arrière-petits-enfants de Paul Pascal, par leurs arrière-grands-parents de La Motte-en-Champsaur, Joannès Blanchard et Marie-Jeanne Pascal : première vidéo et seconde vidéo. De même, cette famille d'une exploitation aux Faix, à Ancelle appartient à cette branche La Ferme des Sonnailles.
Lien vers la généalogie de Rosalie Gaignaire, ép. Isidore Pascal et de sa descendance : cliquez-ici.
Article sur les parents de Rosalie Gaignaire : Paul Gaignaire [58] (1796-1870) et son épouse Rosalie Gentillon [59] (1807-1868).
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