Un des plus grands plaisirs du généalogiste est de faire revenir à la lumière une personnalité et une vie qui se résumaient jusqu’alors à un unique nom. Pendant longtemps, notre ancêtre Antoine Genty [440] n’était connu que par l’unique mention que j’en avais trouvée dans l’acte de mariage de son fils Jean Baptiste Genty [220], marié à Luxeuil-les-Bains et décédé à Lure en 1801. Je ne connaissais ni les dates et les lieux de ses naissance, mariage et décès. Et bien évidemment, je ne savais pas où il avait vécu, ni ce qu’avait été sa vie.
Ce qui rendait la recherche plus difficile est qu’il n’existait aucune entrée à ce nom dans des sites de partages de généalogies comme Geneanet, à la différence de beaucoup de nos ancêtres qui apparaissent de multiples fois. A titre d’exemple, son contemporain Jean Escalle, de la Motte-en-Champsaur apparaît 40 fois. Tout cela m’a donné envie d’en savoir plus sur lui. En cherchant bien, j’ai trouvé ensuite deux mentions qui pouvaient laisser penser qu’il s’agissait de lui.
La première est cette information extraite des inventaires des archives départementales de la Haute-Saône : « le sieur Antoine Gentil, natif de Rigny-sur-Saône, province de Champagne (requête pour être reçu bourgeois de Luxeuil) ». La deuxième se trouve dans un travail de dépouillement des archives de l’Hôtel des Invalides, mis en ligne par une association de bénévoles : hoteldesinvalides.fr. Il ne m’en fallait pas plus pour reconstituer sa vie. Ce qui rend les recherches parfois difficiles est l’extrême variabilité de l’orthographe du nom de famille. La forme « Genty » est celle qui s’est rapidement imposée et sera utilisée par toute la descendance d’Antoine Genty. Lui-même, qui savait signer, utilisait cette orthographe. En revanche, on trouve très souvent la forme « Gentil », ce qui s’explique aisément, ou encore « Genti » mais aussi des formes plus étranges comme « Geanty », « Jeanty » voire même « Ganty ».
Antoine Genty est né le 3 mars 1717, à Rigny, fils de Michel Genty et de Didière Talmas. Il a été baptisé le lendemain. Son père est un laboureur, autrement dit un cultivateur, qui s’est installé dans ce village au moment de son mariage en 1700. Nous avons repoussé d’une génération la question de l’origine de la famille Genty. Sa mère, Didière Talmas, semble appartenir à une famille notable de Rigny. Son père, Antoine Talmas, est le greffier du village et sa mère, Françoise Goux, appartenait à une famille de marchands, signe en général de notabilité dans ces villages.
Rigny est un village agricole au bord de la Saône, à quelques kilomètres de Gray, dans la Haute-Saône. Ce village, dominé par son château, se trouvait à la frontière entre la France et l’Espagne, pendant tout le temps où la Franche-Comté a été espagnole, c’est-à-dire jusqu’en 1678. En 1636, le village a dû subir un siège qui s’est terminé par le saccage et la désertion du village. A l’époque d’Antoine Genty, cela appartenait à l’histoire mais cela doit expliquer une tradition militaire propre à ces lieux de frontière. En 1735, Rigny comptait 110 feux, soit, à peu près 500 habitants. Au maximum, le village a abrité presque 800 habitants.
Antoine Genty a eu de nombreux frères et sœurs. On perd la trace de la majorité, sauf Simon, né le 15 février 1709 et Jean Claude, né le 14 mai 1711. Antoine et Simon Genty savent signer, alors que ni leur père ni leur frère Jean Claude ne savent le faire.
Antoine Genty s’engage à l’âge de 15 ans, en 1732, dans un régiment de dragons, le régiment de Bauffremont Dragons. Il va servir 21 ans jusqu’à son admission comme invalide en 1753. Le terme dragon désigne des militaires se déplaçant à cheval mais combattant à pied. Ce régiment de cavalerie du royaume de France a été créé en 1673 sous le nom de régiment de Listenois dragons. Il a ensuite changé de dénomination selon ses propriétaires, mais pendant l’époque où Antoine Genty a servi, il s’est généralement appelé Bauffremont. Quelques recherches nous ont permis de trouver des images de l’uniforme du dragon.
Ce qui rendait la recherche plus difficile est qu’il n’existait aucune entrée à ce nom dans des sites de partages de généalogies comme Geneanet, à la différence de beaucoup de nos ancêtres qui apparaissent de multiples fois. A titre d’exemple, son contemporain Jean Escalle, de la Motte-en-Champsaur apparaît 40 fois. Tout cela m’a donné envie d’en savoir plus sur lui. En cherchant bien, j’ai trouvé ensuite deux mentions qui pouvaient laisser penser qu’il s’agissait de lui.
La première est cette information extraite des inventaires des archives départementales de la Haute-Saône : « le sieur Antoine Gentil, natif de Rigny-sur-Saône, province de Champagne (requête pour être reçu bourgeois de Luxeuil) ». La deuxième se trouve dans un travail de dépouillement des archives de l’Hôtel des Invalides, mis en ligne par une association de bénévoles : hoteldesinvalides.fr. Il ne m’en fallait pas plus pour reconstituer sa vie. Ce qui rend les recherches parfois difficiles est l’extrême variabilité de l’orthographe du nom de famille. La forme « Genty » est celle qui s’est rapidement imposée et sera utilisée par toute la descendance d’Antoine Genty. Lui-même, qui savait signer, utilisait cette orthographe. En revanche, on trouve très souvent la forme « Gentil », ce qui s’explique aisément, ou encore « Genti » mais aussi des formes plus étranges comme « Geanty », « Jeanty » voire même « Ganty ».
Antoine Genty est né le 3 mars 1717, à Rigny, fils de Michel Genty et de Didière Talmas. Il a été baptisé le lendemain. Son père est un laboureur, autrement dit un cultivateur, qui s’est installé dans ce village au moment de son mariage en 1700. Nous avons repoussé d’une génération la question de l’origine de la famille Genty. Sa mère, Didière Talmas, semble appartenir à une famille notable de Rigny. Son père, Antoine Talmas, est le greffier du village et sa mère, Françoise Goux, appartenait à une famille de marchands, signe en général de notabilité dans ces villages.
Acte de baptême d'Antoine Genty, à Rigny, le 24 mars 1717 |
Rigny, au bords de la Saône. |
Antoine Genty s’engage à l’âge de 15 ans, en 1732, dans un régiment de dragons, le régiment de Bauffremont Dragons. Il va servir 21 ans jusqu’à son admission comme invalide en 1753. Le terme dragon désigne des militaires se déplaçant à cheval mais combattant à pied. Ce régiment de cavalerie du royaume de France a été créé en 1673 sous le nom de régiment de Listenois dragons. Il a ensuite changé de dénomination selon ses propriétaires, mais pendant l’époque où Antoine Genty a servi, il s’est généralement appelé Bauffremont. Quelques recherches nous ont permis de trouver des images de l’uniforme du dragon.
Il faut imaginer notre ancêtre combattant sous cet habit. Comme souvent, les soldats étaient affublés d’un sobriquet. J’imagine que c’est un trait dominant de son caractère qui l’a fait surnommer « Sans soucy ». Ses deux frères se sont aussi engagés, mais plus tardivement, peut-être à la suite de leur cadet Antoine. Simon a rejoint en 1737, à 28 ans, le même régiment de Bauffremont Dragons et Jean-Claude s’est engagé en 1739, aussi à 28 ans, dans un régiment de cavalerie, le régiment de Poly.
Antoine Genty est resté simple soldat durant toute sa carrière militaire. La possibilité de devenir sous-officier ou officier lui était fermée à cause de son origine roturière. Il est difficile de savoir à quelles guerres et à quelles batailles il a participé. Entre 1732 et 1753, les deux conflits dans lesquels est engagé le royaume de France sont les guerres de succession de Pologne (1733-1738) et succession d’Autriche (1740-1748). Pour la première, les combats ont essentiellement eu lieu en Rhénanie, durant la période 1733-1735.
J’ai tout de même trouvé un historique de ce régiment qui permet de fournir quelques informations. Il s’appelle Bauffremont car il appartenait à la famille du même nom, comme c’était l’usage sous l’Ancien Régime. Il était levé en Franche-Comté. Pour la période où Antoine Genty y était soldat (1732-1753), cet historique précise :
Antoine Genty est resté simple soldat durant toute sa carrière militaire. La possibilité de devenir sous-officier ou officier lui était fermée à cause de son origine roturière. Il est difficile de savoir à quelles guerres et à quelles batailles il a participé. Entre 1732 et 1753, les deux conflits dans lesquels est engagé le royaume de France sont les guerres de succession de Pologne (1733-1738) et succession d’Autriche (1740-1748). Pour la première, les combats ont essentiellement eu lieu en Rhénanie, durant la période 1733-1735.
J’ai tout de même trouvé un historique de ce régiment qui permet de fournir quelques informations. Il s’appelle Bauffremont car il appartenait à la famille du même nom, comme c’était l’usage sous l’Ancien Régime. Il était levé en Franche-Comté. Pour la période où Antoine Genty y était soldat (1732-1753), cet historique précise :
Attaché en 1733 à l’armée du Rhin, [ce régiment] contribue à la prise de Kehl et de Philippsbourg, ainsi qu’au succès des combats d’Ettlingen et de Klausen. Il prend ensuite ses quartiers à Huningue et Neufbrisach.En 1741, il part du Fort-Louis du Rhin, pour se rendre sur la frontière d’Autriche ; il est mis en garnison à Lintz, prend part à la défense de cette place, et rentre en France en janvier 1742, après une capitulation qui l’obligeait à ne pas servir pendant un an. Il a passé ce temps à Metz. En 1743, il fait partie de l’armée du maréchal de Noailles et partage la défaite de cette armée à Dettingen. Après avoir passé l’hiver à Damvillers et Carignan, il se rend en Flandre en 1744, fait les sièges de Menin et d’Ypres et termine cette campagne à Audenarde et au camp de Courtrai. Pendant les années qui suivirent, il fut employé, tantôt dans les garnisons des places, tantôt à l’armée active, et il s’est trouvé aux batailles de Raucoux et Lawfeld. […]Depuis la paix, on voit le régiment à Verdun en 1748, à Jussey en 1749, à Thionville en 1751, à Gray en 1752, au Puy en 1753, à Besançon et au camp de Richemont en 1755, à Amiens, au camp de Dieppe et à Fécamp en 1756.
[Source : Général Susane, Histoire de la cavalerie française, Tome 3, Paris, 1874, pp. 8-14.]
Je connais mal la vie des soldats à cette époque. Pendant les périodes où le régiment n’était pas en campagne, les soldats pouvaient-ils prendre des congés pour rentrer chez eux ? En effet, pendant cette même période, Antoine Genty se marie le 11 juillet 1747 à Genevrey, autre commune de Haute-Saône, avec Marguerite Olivier, fille d’un laboureur – autrement dit un cultivateur – qui sera maire de son village. Il a 30 ans et son épouse 22 ans. Pendant la période où il est sous les drapeaux, le couple a trois enfants, tous nés à Genevrey. Il n’est pas fait mention de sa qualité de soldat, car, à chaque fois, il est simplement qualifié de laboureur.
Le 15 novembre 1753, la commission établie à l’Hôtel des Invalides pour statuer sur les dossiers des soldats qui lui sont présentés admet « Antoine Genty, dit Sanssoucy, agé de 38 ans, natif de Rigny pres Langres en Champagne, Dragon au Regiment de Bauffremont » comme invalide avec comme motif « descente complette ».
A cette époque, le terme de descente est synonyme de hernie, comme en témoigne cette page de titre d’un ouvrage médical de l’époque.
Il faut comprendre que la hernie a provoqué un passage des organes, ou une forme d’éventration que l’on devait alors traiter ou plutôt contenir avec des bandages. Le terme de « complète » signifie que les hernies se trouvaient aux côtés droit et gauche. Visiblement, ce motif était un des plus courants pour justifier l’admission comme invalide. Les efforts du métier de soldat à l’époque et la probable station prolongée à cheval devaient provoquer ce type de blessures.
L’admission comme invalide signifie qu’il avait le droit d’être hébergé à l’Hôtel des Invalides à Paris. Il lui était aussi possible d’obtenir une pension, ce qui sera le cas d’Antoine Genty. Dans plusieurs actes le concernant, il est régulièrement qualifié de pensionnaire du Roi, ce qui signifié qu’il a opté pour cette possibilité. Ses deux frères seront aussi admis comme invalides. Claude l’est en 1762 après 23 ans de service, au motif qu’il est « estropié d’une decente, se plaint de rhumatismes ». Quant à Simon, admis la même année après 25 ans de service, il est « incommodé de rhumatismes dans les reins et les hanches ».
Libéré de son engagement comme soldat à 46 ans et muni d’une pension, Antoine Genty s’installe d’abord à Genevrey, dans le village de son épouse, où leurs naît encore une fille. Puis, à une date située entre 1754 et 1758, ils s’installent à Luxeuil, une ville plus importante de Haute-Saône, déjà réputée pour ses eaux thermales. La commune s’appelle aujourd’hui Luxeuil-les- Bains. Dans cette ville, Antoine Genty se fait négociant, une façon alors courante de s’élever socialement. Il obtiendra à cette époque le droit de bourgeoisie à Luxeuil, autrement dit le droit d’être considéré comme un citoyen de la ville et de pouvoir bénéficier de tous les avantages et privilèges associés à ce statut et d’être aussi soumis aux devoirs associés.
Il est difficile de tracer le portrait d’un ancêtre sur la base des informations fragmentaires dont on dispose. On perçoit cependant chez Antoine Genty une ambition sociale très différente de celle de ses frères. Cette ambition se concrétise d’abord par son mariage avec la fille d’un petit notable local, puis par son admission au sein d’une élite locale, certes modeste, mais qui sera le terreau de la future bourgeoisie du XIXe siècle. Il n’a pas complétement rompu avec son passé militaire, comme en témoigne le parrain de son fils Jean Baptiste né à Luxeuil en 1758, Jean Baptiste Hugon, chevalier de l’ordre royal et militaire de St Louis, capitaine d’infanterie au régiment de Lorraine, qui sera aussi témoin au mariage d'une de ses filles.
Antoine Genty est décédé à Luxeuil le 30 octobre 1787, à 70 ans, après s’être remarié à 61 ans, après le décès de sa première épouse. Dans son acte de décès, il est précisé qu’il est « pansionnaire du roy, bourgeois de luxeuil ».
De son mariage avec Marguerite Olivier, il a eu cinq enfants qui ont atteint l’âge adulte :
Parmi la descendance d’Antoine Genty, on trouve deux militaires. Son fils François-Joseph, qui a été dragon, comme son père, et son petit-fils Jean-Baptiste Lançon, lui aussi dragon, qui a ensuite intégré les grenadiers à cheval de la Garde consulaire, l’ancêtre de la Garde impériale. Il en sera congédié pour infirmité le 11 thermidor an IX [30/7/1801].
Je ne vais pas détailler la descendance d’Antoine Genty que j’ai étudiée complétement et que je pense être exhaustive, à deux ou trois exceptions près. La branche dont nous descendons est celle de Jean-Baptiste Genty [220], apothicaire/pharmacien à Lure. Il meurt jeune à 44 ans, en 1801. Son fils Antoine Nicolas lui succède rapidement car dès 1809, il est mentionné comme pharmacien à Lure, alors qu’il n’a que 21 ans. Il le restera jusqu’à son décès en 1846. Il habitait une belle maison bourgeoise dans la Grande-Rue de Lure.
Dans cette maison imposante avec deux corps de bâtiment séparés par une porte cochère, il possédait la partie droite. Comme on le voit, c’était un notable. Sous la monarchie de Juillet, il faisait partie de la liste restreinte des électeurs du département de la Haute-Saône, dans le cadre du régime censitaire qui demandait une imposition minimale de 200 francs pour pouvoir être électeur. En 1837 et 1840, il est le second adjoint du maire de Lure.
Les écarts de fortune au sein d’une même famille pouvaient se creuser très rapidement, en une génération, la mobilité sociale étant beaucoup plus forte qu’aujourd’hui. Au même moment où Antoine Nicolas Genty appartenait à la bourgeoisie provinciale de la petite ville de Lure, la cousine germaine de son père, Thérèse Genty (1769-1862), fille de l’ancien soldat et invalide Claude Genty, resté à Rigny, est qualifiée de mendiante dans une acte d’état civil de 1852. Vous remarquerez qu'elle est décédée à l'âge de 93 ans.
Après le décès d’Antoine Nicolas Genty, sa veuve s’empresse de vendre la pharmacie. Elle passe une annonce dans le Journal de la Haute-Saône :
Un peu plus tard, elle passe une autre annonce, plus inhabituelle :
Est-ce que cela veut dire que notre ancêtre avait une passion cachée pour les travaux manuels au tour ? Ce qui est amusant est qu’Antoine Nicolas Genty est l’arrière-arrière-grand-père de notre grand-père André Magron, qui avait la passion des travaux manuels de précision, avec un tour avec lequel il avait même taillé les engrenages d’une horloge, entre autres travaux de précision.
Le 15 novembre 1753, la commission établie à l’Hôtel des Invalides pour statuer sur les dossiers des soldats qui lui sont présentés admet « Antoine Genty, dit Sanssoucy, agé de 38 ans, natif de Rigny pres Langres en Champagne, Dragon au Regiment de Bauffremont » comme invalide avec comme motif « descente complette ».
A cette époque, le terme de descente est synonyme de hernie, comme en témoigne cette page de titre d’un ouvrage médical de l’époque.
Il faut comprendre que la hernie a provoqué un passage des organes, ou une forme d’éventration que l’on devait alors traiter ou plutôt contenir avec des bandages. Le terme de « complète » signifie que les hernies se trouvaient aux côtés droit et gauche. Visiblement, ce motif était un des plus courants pour justifier l’admission comme invalide. Les efforts du métier de soldat à l’époque et la probable station prolongée à cheval devaient provoquer ce type de blessures.
L’admission comme invalide signifie qu’il avait le droit d’être hébergé à l’Hôtel des Invalides à Paris. Il lui était aussi possible d’obtenir une pension, ce qui sera le cas d’Antoine Genty. Dans plusieurs actes le concernant, il est régulièrement qualifié de pensionnaire du Roi, ce qui signifié qu’il a opté pour cette possibilité. Ses deux frères seront aussi admis comme invalides. Claude l’est en 1762 après 23 ans de service, au motif qu’il est « estropié d’une decente, se plaint de rhumatismes ». Quant à Simon, admis la même année après 25 ans de service, il est « incommodé de rhumatismes dans les reins et les hanches ».
Libéré de son engagement comme soldat à 46 ans et muni d’une pension, Antoine Genty s’installe d’abord à Genevrey, dans le village de son épouse, où leurs naît encore une fille. Puis, à une date située entre 1754 et 1758, ils s’installent à Luxeuil, une ville plus importante de Haute-Saône, déjà réputée pour ses eaux thermales. La commune s’appelle aujourd’hui Luxeuil-les- Bains. Dans cette ville, Antoine Genty se fait négociant, une façon alors courante de s’élever socialement. Il obtiendra à cette époque le droit de bourgeoisie à Luxeuil, autrement dit le droit d’être considéré comme un citoyen de la ville et de pouvoir bénéficier de tous les avantages et privilèges associés à ce statut et d’être aussi soumis aux devoirs associés.
Il est difficile de tracer le portrait d’un ancêtre sur la base des informations fragmentaires dont on dispose. On perçoit cependant chez Antoine Genty une ambition sociale très différente de celle de ses frères. Cette ambition se concrétise d’abord par son mariage avec la fille d’un petit notable local, puis par son admission au sein d’une élite locale, certes modeste, mais qui sera le terreau de la future bourgeoisie du XIXe siècle. Il n’a pas complétement rompu avec son passé militaire, comme en témoigne le parrain de son fils Jean Baptiste né à Luxeuil en 1758, Jean Baptiste Hugon, chevalier de l’ordre royal et militaire de St Louis, capitaine d’infanterie au régiment de Lorraine, qui sera aussi témoin au mariage d'une de ses filles.
Antoine Genty est décédé à Luxeuil le 30 octobre 1787, à 70 ans, après s’être remarié à 61 ans, après le décès de sa première épouse. Dans son acte de décès, il est précisé qu’il est « pansionnaire du roy, bourgeois de luxeuil ».
Acte de sépulture d'Antoine Genty, à Luxeuil, le 31 octobre 1787. |
De son mariage avec Marguerite Olivier, il a eu cinq enfants qui ont atteint l’âge adulte :
- Anne Marguerite (1748-1816), qui a épousé Joseph Lançon, notaire à Luxeuil.
- François Joseph (1750-1808), qui était militaire, dragon au Régiment d'Artois dragons au moment de son mariage en 1790, avant de finir sa vie comme greffier de la justice de paix de Luxeuil.
- Anne Claude (1752-1832), qui a épousé Édouard Mazet, maître chirurgien et apothicaire, à Luxeuil.
- Barbe Désirée (1754-1814), qui a épousé Jean Baptiste Thierry, bourgeois de Luxeuil et négociant appartenant à une famille de maîtres tanneurs de la ville
- Jean-Baptiste (1758-1802) [220], maître chirurgien et apothicaire, puis pharmacien à Lure. En 1794, il est apothicaire en chef de l'hôpital militaire de Lure.
Parmi la descendance d’Antoine Genty, on trouve deux militaires. Son fils François-Joseph, qui a été dragon, comme son père, et son petit-fils Jean-Baptiste Lançon, lui aussi dragon, qui a ensuite intégré les grenadiers à cheval de la Garde consulaire, l’ancêtre de la Garde impériale. Il en sera congédié pour infirmité le 11 thermidor an IX [30/7/1801].
Je ne vais pas détailler la descendance d’Antoine Genty que j’ai étudiée complétement et que je pense être exhaustive, à deux ou trois exceptions près. La branche dont nous descendons est celle de Jean-Baptiste Genty [220], apothicaire/pharmacien à Lure. Il meurt jeune à 44 ans, en 1801. Son fils Antoine Nicolas lui succède rapidement car dès 1809, il est mentionné comme pharmacien à Lure, alors qu’il n’a que 21 ans. Il le restera jusqu’à son décès en 1846. Il habitait une belle maison bourgeoise dans la Grande-Rue de Lure.
Maison Genty à Lure (bâtiment au centre de l'image), dans la Grande Rue. La famille Genty possédait la partie droite de la maison |
Dans cette maison imposante avec deux corps de bâtiment séparés par une porte cochère, il possédait la partie droite. Comme on le voit, c’était un notable. Sous la monarchie de Juillet, il faisait partie de la liste restreinte des électeurs du département de la Haute-Saône, dans le cadre du régime censitaire qui demandait une imposition minimale de 200 francs pour pouvoir être électeur. En 1837 et 1840, il est le second adjoint du maire de Lure.
Les écarts de fortune au sein d’une même famille pouvaient se creuser très rapidement, en une génération, la mobilité sociale étant beaucoup plus forte qu’aujourd’hui. Au même moment où Antoine Nicolas Genty appartenait à la bourgeoisie provinciale de la petite ville de Lure, la cousine germaine de son père, Thérèse Genty (1769-1862), fille de l’ancien soldat et invalide Claude Genty, resté à Rigny, est qualifiée de mendiante dans une acte d’état civil de 1852. Vous remarquerez qu'elle est décédée à l'âge de 93 ans.
Après le décès d’Antoine Nicolas Genty, sa veuve s’empresse de vendre la pharmacie. Elle passe une annonce dans le Journal de la Haute-Saône :
Annonce dans Le Journal de la Haute-Saône, du 20 juillet 1843. |
Un peu plus tard, elle passe une autre annonce, plus inhabituelle :
Annonce dans Le Journal de la Haute-Saône, du 5 octobre 1843. |
Ascendance et descendance d'Antoine Genty : cliquez-ici.
Notre lien de parenté avec Antoine Genty : cliquez-ici.
1 commentaire:
Merci pour ces beaux récits. Je suis toujours heureuse d'apprendre de nouveaux faits qui peuvent enrichir ma propre recherche. J'ai également des ancêtres qui viennent de la région.
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